La deuxième session de l’Organe Transnational de Gestion du Koutammakou s’est tenue du 19 au 21 novembre 2025 à l’hôtel Défalé, au Togo. Cette rencontre s’inscrit dans la dynamique engagée par la décision 45 COM 8B.7 du Comité du patrimoine mondial, qui a approuvé l’extension des limites du site au Bénin et recommandé la mise en place d’un mécanisme binational de gouvernance. Après une première session tenue à Boukombé en août 2024, cette réunion marque une avancée significative dans la structuration opérationnelle de l’organe transnational chargé de coordonner la conservation, le suivi et le développement du paysage culturel du Koutammakou, pays des Batammariba (Bénin–Togo).
Les deux délégations, béninoise et togolaise, ont été représentées à haut niveau : directions du patrimoine culturel, autorités territoriales, conservateurs du site, responsables linguistiques et acteurs communautaires. Cette diversité d’acteurs a permis d’assurer une réflexion concertée, reposant sur les réalités de terrain et les enjeux institutionnels.
Un cadre de travail orienté vers l’opérationnalisation de l’organe transnational
Les travaux ont été marqués par plusieurs communications, notamment : la présentation de la décision 47 COM 7B.152 relative à l’état de conservation du site ; un échange approfondi sur les modalités d’élaboration du rapport conjoint Bénin–Togo ; des discussions sur les priorités à intégrer dans le futur plan de gestion unifié ; une sortie de terrain dans plusieurs localités du Koutammakou au Togo. L’objectif principal de cette session était de poursuivre l’opérationnalisation de l’organe, d’harmoniser les approches de gestion et de renforcer la coopération entre les deux pays.
Les échanges ont permis de mettre en lumière plusieurs enjeux majeurs : la nécessité d’une coordination binationale cohérente, fondée sur un diagnostic partagé ; l’importance de protéger la Valeur Universelle Exceptionnelle (VUE) à travers la restauration des Tata, la sauvegarde des savoir faire traditionnels et la gestion des pressions contemporaines ; l’urgence d’un renforcement institutionnel, notamment en ressources humaines, techniques et financières ; la pertinence d’une communication accrue auprès des communautés et autorités locales pour garantir leur pleine adhésion.
À l’issue des travaux, onze recommandations ont été formulées, parmi lesquelles :
- Consolider et harmoniser les actions de conservation, incluant la restauration, le reboisement et la transmission des savoir-faire traditionnels.
- Engager un projet d’étude architecturale pour les infrastructures communautaires et un lobbying politique pour son adoption.
- Associer systématiquement l’organe transnational à tout projet mené sur le site afin d’éviter toute atteinte à la VUE.
- Renforcer la sensibilisation des communautés sur la préservation du Koutammakou.
- Adresser un mémo aux autorités locales rappelant les attributs fondamentaux du classement UNESCO.
- Intégrer de nouveaux représentants institutionnels, dont des ministres ou leurs délégations, afin de solidifier le cadre de gouvernance.
- Finaliser les procédures administratives de mise en place définitive de l’organe transnational.
- Mener un plaidoyer pour un soutien accru aux services de conservation.
- Redynamiser le comité de gestion du site côté Togo.
- Produire un rapport conjoint sur l’état de conservation d’ici novembre 2026.
- Élaborer un plan unifié de gestion et de conservation d’ici décembre 2026.
Cette deuxième session constitue une étape stratégique vers une gestion véritablement intégrée du Koutammakou. En fédérant les efforts, en impliquant l’ensemble des acteurs institutionnels et communautaires, et en planifiant des actions concrètes à court, moyen et long terme, le Bénin et le Togo se donnent les moyens de préserver durablement ce paysage culturel unique au monde.
Ces avancées renforcent non seulement la coopération transfrontalière, mais aussi la capacité collective à assurer la transmission du patrimoine Batammariba aux générations futures.
GUI N’DAH / ROUTE DES TATA